jeudi 19 juin 2008

La Directive de la Honte : Welcome Europa ...

La Directive de la Honte, nous n'avons pas fini de la vivre comme une épine enfoncée au plus profond de nos aspirations à une Europe des peuples. Elle a été adoptée hier en ce 18 juin 2008, triste écho à cet autre 18 juin d'une année 1940, du siècle d'avant, quand la nuit et le brouillard tombaient sur cette Europe, que les vainqueurs d'alors couvraient de rêves insensés et fanatiques d'une pureté raciale assassine et d'un ordre qui devait durer 1000 ans.

Welcome Europa,de Bruno Ulmer c'est le titre du film que nous avons été quelques uns à voir hier soir, au CRDP du boulevard d'Athènes à Marseille, dans le cadre des soirées « Attac fait son cinéma ». C'est un film inclassable, catégorie « documentaire » mais qui a tout d'un film, sauf que ce n'est pas de la fiction, mais du réel, filmé à hauteur d'homme, en plans serrés, témoins de l'errance de huit jeunes « migrants » dans les grandes villes de cette Europe qui compte déjà pas moins de 224 camps de rétention à ses frontières et sur son territoire. Camps de la honte et de la misère, dans lesquels les gouvernements de l'Union font enfermer les "étrangers " coupables d'être étrangers mais surtout étrangers pauvres ! Indésirables là bas qu'il faut fuir, indésirables ici qui les fait enfermer ...
Plus de 30 000 personnes y sont actuellement détenues, dont des femmes et des enfants bien sûr...
Après ce film, que l'on aimerait faire voir à tous les 20h, dans tous les « prime time », dans toutes les fins de soirées, un débat a suivi. Jean Pierre Cavalié, délégué régional de la Cimade, a comme souvent mis le doigt sur ce qui constitue le fond du problème : au delà des 18 mois maximum de rétention administrative qu'autorise la directive (on appelle cela de l'harmonisation ...) ce qui doit nous faire réfléchir, c'est le sens d'une telle loi ( la directive a valeur de loi ). Qu'est ce que cela veut dire ? Quel message l'Europe envoie-t-elle aux pays qu'hier elle colonisait ? Aux pays en guerre à ses portes ? Avec cette directive, les gouvernements européens élèvent au rang de loi la précarité et l'enfermement des étrangers. Ils créent une catégorie de sous-citoyens, sans aucun accès à leurs droits fondamentaux, condamnés parce que pauvres et demandeurs de travail et d'asile, demandeurs d'une vie meilleure, à l'errance, à la terreur et au bannissement.
Et de nous rappeler un certain Jeremy Bentham, et son panoptique. Un des pères de la conception utilitariste de l'être humain.
Nous y voici donc. Un système totalitaire qui se drape dans les oripeaux du libéralisme pour donner le change mais qui enferme, surveille, utilise, jette, renvoie à une non-existence .
Qui nous installe progressivement dans le panoptique mondialisé.
Nos droits sont leurs droits ...

Une question qui nous taraude en guise de conclusion : saurons-nous pour les élections européennes de juin 2009 ne pas répéter le dramatique émiettement de 2007 ? Saurons-nous comprendre qu'il y a urgence à ne pas laisser continuer de se construire encore plus durement l'Europe « forteresse »?

Au delà de nos divergences que nous ne résoudrons qu'en avançant, débattons sans dogmatisme de ce qui fait obstacle à notre rassemblement.
Nous devons porter haut la volonté de voir se concrétiser des listes unitaires antilibérales et anticapitalistes ( mots fourre tout je sais !) pour donner droit de cité à nos aspirations démocratiques européennes.
Il n' y a que de cette manière que nous renverrons dans les poubelles de l'histoire la Directive de la Honte et derrière elle les minables gouvernants qui en sont à l'origine, petits chefs qui n'en finissent plus de répandre leur vision cynique et injuste d'une société déshumanisée sous surveillance.

Nous débattrons de tout cela le 28 juin à l'amphi de chimie de la fac st Charles, de 14h à 19h , dans le cadre de l'Appel de Politis à construire l'alternative à gauche !

dimanche 8 juin 2008

Quelques heures au npa

Ceci se veut une contribution très basique et très décomplexée, sans prétention .
..un billet d'humeur .

Hier samedi 7 juin se déroulaient à Marseille les « 10h pour un NPA ».
En voici un petit compte rendu très personnel, portant sur deux des débats, un sur l’anticapitalisme et l’autre sur la nécessité d’un parti et quel parti (le troisième débat portait sur l’écologie).
Je n’ai pas assisté au « meeting » Besancenot qui suivait.
Tout d’abord ce qu’il me reste en tête le lendemain : une impression persistante d’une coupure très nette entre les intervenants « officiels », pour la plupart estampillés LCR et l’auditoire, nombreux, varié, jeune, moins jeune, vieux, en attente, avec des questions, certaines structurées, témoins d’une pensée politique organisée, d’autres spontanées, inquiètes, très « dans l’air du temps » (même Hulot s’y mettrait, à l’anticapitalisme …).
Un petit sourire au souvenir des interventions d’un participant, se réclamant de je ne sais quel groupuscule communiste pur et dur, nous exhortant à retrouver les vertus de la dictature du prolétariat et des écrits de Lénine …les sources !
Le premier débat portait donc sur la notion d’anticapitalisme. Petite exposition de rigueur (pas trop longue pour ce débat-là) par les intervenants officiels. Aux questions parfois concrètes qui suivent (Remettez vous en cause complètement l’économie de marché ? par quoi vous comptez-vous la remplacer ?), des réponses qui m’ont semblé totalement abstraites, comme en apesanteur. Pas un mot sur l’Europe, sa construction ultralibérale. Oui, les luttes bien sûr, oui, il faut interdire les licenciements (partout ou pour seulement les entreprises que font des profits ?) oui, il faut se débarrasser du capitalisme, c’est à l’ordre du jour scande un des intervenants de la tribune (au même niveau que la salle). Et pendant ce temps me trotte en tête que les profits après impôts de Total se montent pour l’année 2007 à 15 milliards d’euros….le capitalisme n’a jamais été aussi florissant et on me dit que c’est à l’ordre du jour de s’en débarrasser. Je veux bien, mais à aucune reprise n’est indiqué le chemin ….le spectre du Grand Soir serait-il de retour ?
Bien sûr, des interventions très pertinentes de S.Johsua, figure tutélaire et rassurante, viennent ponctuer les échanges, faisant remarquer entre autres que le discours tenu dans cette salle ne convaincra pas dix personnes du dehors.
Comment faire alors ?
…Eh bien construisons le NPA nous dit-on … Une petite pause le temps d’avaler une blonde bien fraîche et de voir qu’il y a du monde dans le Dock, que ça bruisse beaucoup, et c’est parti pour le deuxième débat qui va justement nous donner des pistes.
En fait de pistes, c’est carrément une feuille de route qui nous est assénée et ce pendant 35 mn. En préambule de cette feuille de route, un petit état des lieux : la LCR n’est pas épargnée, une petite critique au passage (elle ne s’implante pas dans les quartiers populaires …témoins les dernières municipales à Marseille qui ont vu les meilleurs scores dans le centre ville …c’est un peu court comme analyse...), le PCF sera brutalement renvoyé à sa participation à la lamentable délégation qui accompagne Super Sarko au Liban …mais le morceau de choix ce sont les Collectifs Unitaires carrément mis en pièces ( après que l’intervenant non estampillé LCR leur ait quand même reconnu le mérite d’avoir permis à des « citoyens » d’entrer dans le débat) et rayés de la carte politique. Inutiles. Dans l’impasse. Accusés de vouloir être un nouveau mouvement à eux seuls.
L’intervenante (LCR) qui prend ensuite la parole va nous indiquer ce qu’il convient de faire. La feuille de route.
C’est un peu hallucinant …et ma voisine grince un peu. Elle trouve le propos légèrement directif …
Parmi les interventions de la salle, au moins quatre émaneront de militants de ces Collectifs unitaires …toutes pour dire : nous partageons ces constats, nous aspirons à un autre modèle de société, c’est ensemble et largement que nous devons engager le chantier de la (re)construction de l’alternative à gauche.
A souligner une intervention très pertinente d’un militant qui ne veut pas opposer la démarche des Collectifs Unitaires et celle du NPA et qui pointe sur un aspect essentiel : la construction européenne et les élections à venir de juin 2009. Saisissons nous de ce moment pour faire entendre qu’on peut sortir du capitalisme, qu’on peut avoir un groupe au Parlement européen.
A cette proposition, dite haut et clair, avec conviction, (merci Joël !) la réaction des « officiels » est tiède et floue.
Sur l’entêtante et obsédante question des relations/alliances avec le PS, nœud gordien, S.Joshua assène qu’il ne peut rien y avoir de possible avec l’actuel parti PS. Peut être dans 10 ou 15 ans ….ai- je bien entendu ? Nous (les honnis Collectifs unitaires ) ne disons pas autre chose : que la construction d’une force nouvelle à gauche ne peut s’envisager qu’indépendamment du Parti Socialiste. Qu’il est hors de question aujourd’hui d’avoir des alliances d'un éventuel gouvernement avec ce parti dont la direction actuelle négocie de plus en plus clairement le virage vers un parti démocrate à l’américaine. Mais qu’il faut lui disputer son hégémonie à gauche si nous voulons qu’il y ait encore une gauche digne de ce nom …

Alors quoi ?
J’ai bien envie de dire « chiche ! » tout comme les trois auteurs de la tribune du Monde (pas vraiment des militants de base de la LCR d’ailleurs). Chiche ! Allons-y ….

Le seul problème est qu’ hier j’ai eu le sentiment que le chemin était tout tracé. Il y aura de la place pour tout le monde dans le nouveau parti, nous dit-on, mais il y a un chemin déterminé. Pluralisme (encadré) et droit de tendance …ce n’est pas déjà la LCR actuelle ?

Avec les Collectifs Unitaires, et autour de l’appel de Politis, nous ne mettons pas de préalable mais que nous disons qu’il faut débattre, et que c’est sur et dans le projet à construire que nous nous reconnaitrons.

Petite anecdote : à une amie encartée au PS, il a été de bon ton (rigolard) de lui demander si « on » l’avait laissée entrer sans lui faire condition de renier avant son appartenance …

Il est grand temps de tordre le coup à tous ces vieux clichés, temps de faire tomber les frontières, les barrières, les à priori, les procès d’intention et les procès de Moscou pour cause d’alliances inconséquentes. Tout cet attirail d’un autre âge n’est d’aucune utilité si nous voulons réellement commencer à « démonter » le système capitaliste, à nous poser la question des transitions en ouvrant des débats de fond et en confrontant nos différences, à penser social et écologie en même temps, à donner à la notion de démocratie sa plus totale acceptation, à tous les échelons.

Une nouvelle culture politique est à inventer.
Là est le vrai « chiche » …dans la modestie de ne pas se penser seul et dans la folle ambition de mettre en marche un « nous » porteur d’espoir crédible pour tout de suite.

Voilà pourquoi j’ai signé l’Appel de Politis :
http://www.appel-a-gauche.org/?petition=1