lundi 12 mai 2008

Pensons "collectifs", à Marseille et ailleurs

Mai a quarante ans, et on se cherche des raisons d’espérer … La lutte des sans papiers en région parisienne pour leur régularisation, (menée avec la CGT entre autres, mais pas qu’elle), a certes ouvert une brèche dans le mur idéologique de la droite au pouvoir, mur bâti avec ce qui faisait les fondements du FN, recyclé habilement par le bateleur de foire qui nous sert de président. Mais il faudrait aller plus loin et on sent combien l’absence d’une vraie opposition politique plombe l’avenir de ce combat si juste et si illustratif de l’ « horreur » du système capitaliste.

L’urgence est là, de plus en plus criante, à se construire ou se reconstruire une « grande maison commune » dans laquelle nous pourrions enfin élaborer, réfléchir ensemble à une alternative à ce monde qui n’en finit pas d’aller mal, et agir, donner de l’espoir.

En ce qui concerne le PCF et la volonté d’immuabilité affichée par ses encore dirigeants, nous savons qu’il n’en est rien, que ce parti est traversé par de profondes crises, et qu’il n’échappera pas à ce qui s’impose depuis des années : les vieux partis politiques issus de la matrice du mouvement ouvrier ne représentent plus l’outil nécessaire à la transformation sociale, et au dépassement du modèle capitaliste.
Mais on ne peut ni ignorer ce qui se passe dans et autour du parti communiste, ni surtout, au motif de ce qu’ici et là les élus communistes ont fait des alliances électorales avec le PS voire avec le MoDem, les rayer du paysage antilibéral.

Sur le NPA, le Nouveau Parti Anticapitaliste porté par le héraut/héros Olivier B., s’il faut bien entendu prendre acte de ce qui est à l’œuvre, sans faire de procès d’intention, un constat (il y en a d’autres mais je ne parlerai que de celui là ) s’impose d’emblée : c’est une organisation et elle seule qui décide, parce qu’elle se pense seule apte à le faire, de lancer une ouverture, voire de prononcer sa propre dissolution, pour créer ce qu’elle appelle un « nouveau parti anticapitaliste ». Le procédé est clair : l’organisation encore en vigueur s’adresse à des individus, quelle que soit leur appartenance d’origine ou leur non appartenance. Les initiateurs du processus opèrent ce qu’il faut bien appeler un tri, un découpage. Dans ce qui a été dit et écrit après les municipales par les militants de cette organisation, un brevet d’antilibéralisme « conséquent » était décerné et dans le même temps, il fallait honnir ceux des antilibéraux qui avaient passé des alliances avec le PS.
A ces antilibéraux devenus infréquentables, qui souhaitent mettre en débat la participation aux institutions, qui disent clairement qu’il faut disputer l’hégémonie de la gauche au PS en créant une force indépendante, la LCR oppose toujours la même réponse en entretenant la confusion entre alliance et indépendance vis-à-vis d’un Parti Socialiste dont nous sommes tous unanimes à reconnaitre l’assumé virage à droite de ses dirigeants, alors que dans le même temps ce parti continue de représenter à défaut la gauche.
Mais une fois fait ce constat, les questions restent entières.

Nous partageons les constats, nous aspirons très fort à un autre modèle de société et pourtant nous continuons de ne pas nous entendre sur le chemin à emprunter.

Pour faire émerger cette force nouvelle dont nous avons besoin pour réfléchir et pour agir, il nous faut absolument croiser les cultures politiques de toute cette « gauche » qui ne se résigne pas à la misère du monde, la seule gauche qui vaille. Pour cela, on ne peut pas faire le tri, on ne doit pas faire passer les ciseaux, on ne doit pas nier le travail commencé avec les collectifs nés de la bataille contre le TCE. Il s’est reconcrétisé à ce moment là un mouvement à l’œuvre depuis des années, avec ceci d’inédit que cette bataille politique de 2005 a mobilisé des militants d’un genre nouveau, des « sans » appartenance à une organisation politique, issus parfois du milieu associatif, en même temps qu’elle a fait revenir beaucoup de ceux qui n’y croyaient plus. Une dynamique s’est remise en marche. Et c’est une erreur que ne pas la prendre en compte.

Comment continuer ?

Tout ce qui semble bouger n’indique pas forcément « la bonne direction » et la seule à prendre.
Dire que l’on ne se reconnait pas dans la démarche initiée par la LCR, ne signifie évidemment pas l’ignorer et la nier.

Je ne vais pas faire un plaidoyer pour les Collectifs Unitaires, héritiers en partie de cette dynamique unitaire du non de gauche.
Mais en ce qui me concerne, c’est à ce jour le seul endroit où je me sens légitime et à ma place pour continuer l’action et la réflexion politiques.
Il ne s’agit pas de faire de ces collectifs une énième organisation dans l’émiettement désespérant de la gauche radicale, mais de reconnaitre une bonne fois qu’ils se sont donnés un but : être un espace ouvert et mouvant nécessaire à cet instant de notre histoire politique pour ouvrir et entretenir le débat avec tous ceux qui pensent que la recomposition, la construction de cette force nouvelle doit passer par la reconnaissance et la prise en compte de tous les courants critiques du système capitaliste. Etape préalable et nécessaire pour opérer le dépassement et le croisement des cultures, sans lesquels rien de crédible et de véritablement utile ne pourra émerger.

Enoncer clairement, ainsi que le fait la résolution votée par la Coordination des Collectifs Unitaires, que ces mêmes collectifs n’ont pas vocation à participer au processus NPA ne veut pas dire immobilisme et fermeture, mais bien au contraire que c’est d’un autre processus dont il nous faut débattre tous ensemble, d’un processus qui prendra en compte les courants et les individus, et qui ne partira pas d’une seule organisation. Le dépassement est à faire en commun, sauf à vouloir continuer à exister aux marges et au final, à ne rien changer en attendant un hypothétique « grand soir ».


C’est aussi dans cette perspective que nous ne pouvons pas ignorer et balayer ce qui se passe au Parti communiste et au Parti Socialiste.

A Marseille plus précisément …
Nous sommes un certain nombre à avoir participé aux municipales à la liste MCAG et à nous être reconnus dans la démarche politique, pour aussi incomplète qu’elle ait été sur l’unité à laquelle nous aspirons. En menant campagne pour nos idées sur notre ville, nous nous sommes inscrits dans un schéma bien plus large. Il nous faut continuer à nous faire entendre sur Marseille.

C’est donc dans la perspective de faire vivre des « collectifs » sur les quartiers/arrondissements et dans leur coordination et leur articulation entre eux sur l’ensemble de la ville que j’imagine la suite, coordination et articulation dont la forme peut passer par la création d’une structure associative d’un genre nouveau.

Certains des collectifs unitaires existants sont inscrits dans la démarche initiée et concrétisée par les assises et confirmée par la dernière coordination nationale. Ici tous les textes adoptés lors de cette coordination :
http://www.gauchealternative.org/spip.php?article1205
Celui sur les élections européennes méritent toute notre attention.

Adhérer à la démarche politique des Collectifs Unitaires doit évidemment pas être un préalable à poser pour les nouveaux collectifs à faire émerger dans cette perspective marseillaise. Si certains d’entre nous voient la nécessité de se constituer en association, ce n'est pas un obstacle à nous coordonner tous au sein d’une structure. Mettons-la en place afin de faire entendre et agir la Gauche à Marseille.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Pourquoi un tel émiettement ? Il existe pourtant des aspirations communes, assez peu nombreuses pour être partagées par tous les "gauchistes" (par exemple : le bridage sévère du capitalisme financier dans un premier temps). En attendant le très hypothétique grand soir cela ferait du bien à tous les salariés, pourquoi attendre, pourquoi toutes ces divisions ?
Réponses possibles : 1. travail de sape de la part des Kapitalistes (ils sont intelligents et ont des moyens immenses) 2. problèmes d'égo chez les responsables des organisations de gauche (il n'y a que nous qui détenions la vérité et il ne faudrait pas que des concurrents nous fasse de l'ombre sans cela notre petite parcelle de pouvoir s'effriterait...
C'est tout simplement désespérant.
l'Homme est désespérant !
Claude Chevassu

nanie a dit…

eh bien,
je crois bien que cette fois je vais pouvoir laisser ce petit message, juste pour te faire une bzzzz, et te dire à bientot...j'ai un peu galéré pour en avoir le droit !!!

à plus, nanie

Anonyme a dit…

Bonjour,
eh bien...une seniora sans fils d'Ariane dans les dédales du monde virtuel ça vaut bien une balade dans la garrigue sans chemins tracés, balisés, guidés!!!
Bravo pour ce bébéblog et les blogblagueur(se)s .En ce W.E.de mai 2008 il y a mieux à faire en x agoras que de regarder Drucker,rester sur x écrans...!!!
amitiés; à très bientôt!